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par Adelheid Oesch, certifiée en “Thérapie relationnelle
Imago”
La Thérapie Relationnelle Imago est une approche encore peu connue en Suisse. Elle
s’adresse aux couples de tout âge… à ceux qui
aspirent à passer leur vie ensemble… comme à ceux qui
sont mariés depuis 40 ans et plus ! Elle a été
conçue et développée par Harville
Hendrix Ph.D. USA. Cette pratique,
d’abord destinée à la thérapie de couple,
s’avère également excellente dans la gestion de
conflits, ainsi que dans l’accompagnement de la relation
parent-enfant .
La « Thérapie relationnelle de couple Imago »
comporte un grand atout : avec le soutien formateur d’un
professionnel à ses débuts, elle offre rapidement un
véritable outil pour la vie quotidienne, que le couple
pourra utiliser seul, chez lui, en toute indépendance, chaque fois
que le besoin s’en fera sentir. C’est une opportunité pour
les partenaires de se faire les bâtisseurs d’une relation
consciente, vivante, enrichissante, fondée sur la confiance, la
compréhension, sur un engagement au service de leur évolution
personnelle et commune.
… En règle générale, un cursus
d’une douzaine de sessions accompagnées permettra
d’intégrer durablement les
exercices-clé de cette démarche, en particulier le «
dialogue de couple ».
Une simplicité radicale dans son « protocole
de communication ».
Un cadre de travail très précis, très structuré,
assure au couple un maximum de sécurité,
d’écoute, de respect, dans l’expression et le partage du
vécu de chacun. Il prévient la confusion et les
dérapages, même en cas de conflit aigu. Pourquoi ? Parce que
ce « dialogue de couple » ne se base pas sur le « droit
de réponse, qui est celui de nos disputes » ! Disputes
dont les jugements et reproches mutuels nous blessent tellement,
qu’ils nous conduisent jusqu’à la haine parfois, et
certainement à la rupture du lien affectif, à la
séparation de fait par le divorce, ou à la perte
d’intimité et de sexualité qui
caractérisent le couple parallèle.
Cette sécurité de la communication est
déterminante. Car, dès que
nous ne nous sentons plus à l’abri dans la relation, nous
coupons le lien qui la rendait si précieuse et si
nourrissante. Aussitôt qu’il y a blessure, ou
incompréhension… chacun recourt automatiquement à ses comportements
de défense, d’attaque ou de fuite, ou encore de conciliation
forcée. Ce sont quasiment des réflexes
conditionnés… dont la source est largement inconsciente,
puisqu’elle a son origine dans des réactions de
survie identitaire et affective, développées dans notre
petite enfance. Mais ce sont justement ces inévitables
stratégies d’auto-protection, qui
vont séparer les partenaires, souvent profondément et
durablement, d’un contact réel et ressourçant dans la
relation. Terrés derrière nos armures et nos masques, nous
faisons obstacle au flux d’amour. Notre relation cesse alors d’être
un lieu de croissance, de joie et de développement. Elle devient, au
contraire, un lieu de souffrance, d’enfermement et de
régression.
Le
facteur caché de l’attraction amoureuse
Le terme Imago se réfère à «
l’image du partenaire idéal », de la
relation idéale… telle que chacun la porte en soi … Une sorte
de « portrait de nos parents », de notre « premier
modèle relationnel ». Modèle de ce qui avait
répondu à nos besoins, mais qui contient aussi de
façon cachée, ce qui nous a manqué et blessé
autrefois. Et c’est ce portrait que nous allons rechercher, et
reconnaître en l’autre plus tard, c’est cette image du
passé qui va irrésistiblement nous attirer vers
lui… Ce seront donc nos partenaires, et secondairement nos enfants,
nos amis, voire les figures spirituelles auxquelles nous nous
référons… qui porterons la responsabilité «
de nous prouver que nous comptons,
que nous valons la peine d’être aimés ».
Ainsi l’on s’aperçoit que, lors d’un conflit de
couple, 10% seulement du ressenti de chacun relève de ce qui vient
de se passer entre eux, alors que le 90% a sa source dans un vécu
douloureux de leurs enfances respectives. Un vécu bien
antérieur à leur rencontre… inutile donc d’en
accuser l’autre ! C’est là que les partenaires ont
l’opportunité de devenir les artisans d’une
guérison mutuelle, notamment celle
des blessures que chacun apporte de son passé… Et c’est
à cela que va s’employer la démarche de l’Imago-thérapie.
Le miroir qui blesse. Indépendamment du savoir-faire des parents ( ne les accusons donc pas, eux non plus, de tous nos
maux ! ) chaque bébé subit à sa naissance une radicale
séparation et une totale dépendance, une impuissance à
assurer lui-même la formation de son identité. Cette
identité va se constituer dans un premier miroir : c’est
dans l’image que l’autre lui renvoie que le petit enfant
fondera sa valeur, son identité, sa confiance, sa capacité
d’aimer et d’être aimé. Ce premier miroir est par
la force des choses correcteur et déformant…
toujours conditionnel, puisque nos parents ont le devoir… et
l’angoisse… de nous éduquer, d’assurer notre
adaptation à l’environnement culturel, social, religieux, qui
nous est imparti. Dès le départ, il n’est donc pas
question d’être reflété, ni aimé, tel que
l’on est. L’amour et la survie s’acquièrent
sous condition… C’est là, pour tous les
humains, une cause de grande souffrance, car si l’image que
l’on nous renvoie de nous-même est perpétuellement
modifiée, nous nous sentons un objet pour l’autre, et
ne pouvons déterminer, ni qui nous sommes vraiment, ni ce que nous
ressentons vraiment. C’est ce que des psychologues, tels que
Winnicott, appellent la « blessure de non-êtrem ».
Le sentiment d’exister à part entière dépend
donc de la qualité, de la fidélité, de ce miroir de
l’autre. Et ceci reste vrai notre vie durant. Si nous ne sommes pas
vus tels que nous sommes, nous n’existons pas ! A cette souffrance
fondamentale, s’ajoute celle d’un paradigme entièrement
nouveau dans l’histoire humaine, qui date de 150 ans à peine,
et qui est propre à nos pays dits développés : celui
de la solitude. Jamais il n’y a eu autant de personnes vivant sans
être entourées d’une communauté, qu’elles
soient célibataires, veuves, divorcées. Cela n’a jamais
existé ! Et rien ne nous y a donc préparés. Et puis,
il y a l’affaiblissement, presque total dans notre culture, des
rites de passage, des cadres religieux et traditionnels, qui depuis
l’aube des temps nous ont servi d’appui et de guides.
Privés de ces formes de sécurité ancestrales, la
famille et le couple se sont largement démantelés. Et la
dérive de nos enfants nous le rappelle cruellement..
L’enjeu est donc de taille, si nous voulons guérir nos
relations. Faut-il nous lamenter, tenter de réchauffer
d’anciens modèles ? Ou
s’agit-il, au contraire de relever ce défi, d’engager
des relations conscientes, comme partenaires d’abord,
comme parents ensuite ? De faire un pas de plus dans notre évolution
: de remplacer une conscience collective déficiente par une
conscience individuelle accrue ? Voilà qui nous invite à une
aventure aussi utile que passionnante.
Le
miroir qui guérit La Thérapie Imago nous propose un mode de
guérison : celui d’une relation revue et reconstruite dans le
miroir que nous n’avons jamais eu… Un miroir, qui
cette fois peut se payer le luxe d’être inconditionnel et
fidèle, parce que nous avons déjà grandi et
survécu. Dans le processus Imago chaque partenaire à son tour
l’instrumente pour l’autre, consent à devenir son miroir
vivant, un miroir qui décide d’être
totalement respectueux et contenant, vide d’attentes personnelles
dans le face à face du dialogue. L’enjeu n’est plus :
« Qui a tort, qui a raison ? »… C’est, au
contraire l’écoute et l’expression… sans
correction, ni interférence… de : « Qui suis-je, qui
es-tu ? Qu’est-ce que je sens, qu’est-ce qui me blesse,
qu’est-ce qui m’enchante ? » C’est
l’ouverture à une connaissance de soi et de l’autre,
à une compréhension, une clarté, qui dissipent les
malentendus. Les partenaires pourront alors redécouvrir
l’essentiel d’eux-mêmes, retrouver ce qui donne sens et
prix à leur vie et à leur rencontres: la joie, la
créativité, l’intimité, la romance, le jeu,
l’état amoureux, la sexualité, la
vitalité…
Peut-être
saurons-nous alors être des parents qui guérissent le futur de
leurs enfants, en leur donnant l’exemple d’un vrai couple.
Devenons des « amoureux conscients » ! Appelons-les ici,
pour les besoins de l’exemple, Philémon et Baucis, en
souvenir d’un couple de l’Antiquité, resté
célèbre pour s’être aimé d’amour et
d’amitié jusqu’à la mort à un grand
âge.
A
lire: de Harville Hendrix,
En
Français :
"Le défi du couple" (épuisé en librairie, disponible en prêt)
En
anglais :
"Getting the love you want",
"Keeping the love you find",
"Giving the love that heals".
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